Déjà, je ne sais pas si ça se dit, mais je vous souhaite une joyeuse Journée Internationale de Lutte pour les Droits des Femmes. Le 8 mars est une date qui me tient à cœur, ainsi qu’à mon entourage. Je voulais juste vous écrire aujourd’hui pour parler un peu d’espoir, pour parler des femmes parce qu’elles sont tout à fait majoritaires dans le secteur de l’artisanat créatif, tout comme au sein de l’association. C’est un domaine plein d’entrepreneuses, ce qui est assez rare pour le noter.
Une nécessité de l’artisanat
Nous sommes une immense majorité de femmes dans l’association. On ne compte que deux hommes parmi nos membres actifs. Pour tout le reste, nous sommes des femmes différentes et avec des parcours différents. La plupart sont devenues artisanes après un cursus professionnel aux multiples virages et quelques déceptions. Mais surtout, ce qui a pu en motiver plus d’une, c’est l’envie de faire, véritablement. Nous avons toutes besoin de concret, de magie, de poésie dans nos actions. Cette envie de faire dépassait le simple loisir : nous voulions incarner, faire pour être, et être intensément.
Être artisanes et entrepreneuses en solo
Si le syndrome de l’imposteur touche 75% de femmes, c’est loin d’être un hasard. Culturellement, on nous a moins conditionnées à entreprendre. Le regard par défaut de la société étant le regard de l’homme, et vu qu’il a tendance à se poser sur la femme, cette dernière aura plus tendance à essayer d’être irréprochable. Malheureusement, ce conditionnement entrave à bien des égards les prises d’initiatives chez les femmes, élevées à être comparées les unes aux autres, et à chercher l’approbation de l’autre.
Dans ce contexte, bon courage pour devenir entrepreneuses ! Finalement, les personnes qui s’en sortent le mieux dans ces cas-là sont celles qui ne font que par enthousiasme, sans comparaison ni compétition malsaine. La sororité, ou plus largement, la solidarité, sont donc des notions essentielles pour avancer. Au sein de l’asso, les personnes qui avancent le plus ne projettent pas leur valeur dans ce qu’elles produisent. Ce qu’elles font évolue avec l’expérience, et ce qu’elles sont profondément grandit en parallèle, mais l’estime de soi ne baisse pas si elles commettent une erreur. Elles prennent en compte des remarques sans y mêler de l’égo. Elles n’essaient pas de prouver qu’elles sont infaillibles, et cherchent les conseils et les retours des autres en faisant la part des choses.
SI vous souhaitez vous renseigner sur le syndrome de l’imposteur (bien présent chez les entrepreneuses)
Les reconversions
Beaucoup de vocations artisanales se concrétisent sur le tard. Un tas de raisons tout à fait concrètes et pertinentes mènent beaucoup de gens à un choix de carrière plus sécurisant et stable. On pense évidemment aux enjeux financiers que ce type de carrière comporte. Pour beaucoup d’artisans et artisanes avec une âme créative, certains événements de la vie déclenchent ou redéclenchent une nécessité de plus en en plus bruyante et persistante : celle de s’aligner avec qui l’on est. Alors, quand la vie le permet ou que l’on finit par s’autoriser à faire ce qui nous anime, on cède à l’envie, et on se lance dans cette aventure. Certes c’est risqué, et on ne sait pas trop ce qui nous attend, mais la plupart du temps, ça vaut le coup. On découvre autre chose, on gagne en polyvalence.
Autodidactes
Comme évoqué précédemment, le syndrome de l’imposteur est pas mal développé, et surtout chez les femmes. En l’occurrence, chez les artisanes, c’est un vrai sujet et encore plus lorsque ces dernières n’ont pas appris à faire ce qu’elle font grâce à des parcours académiques et reconnus. Le fait est que c’est le résultat qui compte.
La réflexion sur nos réalisations, l’analyse des réactions que ces dernières provoquent, le propos que l’on peut vouloir défendre ou mettre en lumière derrière la marque que l’on crée, l’atmosphère que l’on construit… Toutes ces choses-là comptent dans ce qui va toucher le public, et ça, ça n’a rien à voir avec les études académiques que l’on a pu suivre ou non.
Par conséquent, il est vivement conseillé d’arrêter de se mettre la rate au court-bouillon, et de se poser les bonnes questions sans remettre en cause sa légitimité en tant qu’artiste ou artisane. La vraie question, c’est « Est-ce que je veux me lancer dans cette aventure et est-ce que ça vaut le coup ? ». Ou encore « Est-ce que je peux trouver un équilibre, une source d’énergie et de revenus suffisants ? », et « Comment ? ». On arrête de se gâcher la vie avec les problèmes d’égo. Vous n’êtes pas votre création, et les critiques dirigées vers cette dernière ne s’étendent pas à qui vous êtes en tant que personne, ni à votre valeur intrinsèque.
Être entrepreneuses, ce n’est pas inné pour tout le monde
Je n’aime pas vraiment le mot « entrepreneuses », très honnêtement. Il ne reflète pas ce que les artisanes sont profondément. Elles n’ont pas toujours la folie des grandeurs et n’osent pas toutes se rêver prospères. Elles veulent juste faire ce qui leur plaît parce que leurs velléités créatives débordaient. Cependant, la réalité est que pour vivre de son activité artisanale, on ne peut éluder la notion d’entreprenariat. On n’est pas toutes et tous à l’aise pour mettre un prix sur ce que l’on fait. C’est même plutôt l’inverse, mais la réalité nous rattrape, donc on essaie ! Puis on apprend, et on ajuste des choses. On tente. C’est incertain, mais on se parle, on se positionne petit à petit. Pour beaucoup, c’est un chemin contraignant, pour d’autres, c’est un défi à relever avec plaisir. Et pour vous ?